LAOS ET LEGENDES


Autre version de la légende de Khoun Bourôm:

Charles Archaimbault a rapporté une version orale différente des versions écrites sur Khoun Bourôm (Archaimbault Charles, Une cérémonie en l’honneur des génies de la mine de sel de ban Bo, moyen Laos, bulletin de l’Ecole Française d’Extrême-Orient) :

Pu No, Na No vivaient autrefois au ciel, mais à cause de leur apparence grotesque, ils effrayaient les enfants des Then. Aussi le Roi des génies Phagna Then Fa Koun les chassa-t-il. Comme à cette époque, la terre n’existait pas encore, l’eau s’étendant à perte de vue, le Phagna Then leur dit « Partout où vous piétinez, la terre apparaîtra », et les chargea ainsi de créer le monde.

Après qu’ils eurent piétiné les flots, la terre apparut, mais se sentant seuls, ils remontèrent au ciel pour demander qu’on leur donnât des compagnons. Le Pagna Then leur remit alors trois grains de courge qui, une fois semés, donnèrent chacun naissance à un fruit énorme. De Ces fruits perforés selon les indications du génie, sortirent les Kha, les Laotiens et les populations de race blanche.

Après avoir partagé le royaume entre leurs sept fils, les Pu No, Na No allèrent se promener dans l’Himalaya où ils capturèrent le petit lion Sing Keo Sing Khoun. Ils l’apprivoisèrent et l’emmenèrent avec eux. Au retour, sur les instances de la population, ils vainquirent un dangereux fauve qui ravageait la région Sangkhalok. Ils l’enfermèrent dans une cage de fer qu’ils placèrent dans leur rizière sise près de l’étang Sua, demeure du Roi Naga : Thao Kham Leng.

Blessés, suppose-t-on, par le fauve de Sangkhaalok, ils moururent peu après. Avant leur mort, ils recommandèrent aux habitants de faire des effigies les représentant ainsi que celle de leur fils adoptif Sing Keo Sing Khoun. « Chaque année, précisérent-ils, vous ferez danser ces masques aux deux extrémités de la ville, sans quoi les yaksa détruiront le pays ». Ils devinrent par la suite les génies tutélaires du royaume les Tévada Luang. A l’emplacement de leur rizière, on érigea une pagode (Vat ViXun) et un That, le That Mak Mô.

A partir du partage du royaume entre les sept fils de Khoun Bourôm, l’histoire du Laos est plus précise. Toujours d’après le Nithan Khoun Bourôm, le Phongsavadan heng pathet Lao, bien avant l’arrivée de Khoun Lo, les Chao Lusi (ermites) venant du Phou Himmaphan (Himalaya), le plateau où naît la grande source du Mè Nam Khong (Mékong), vinrent s’installer dans une grotte de la montagne Phou Xouang dans la région du Muong Swa, l’ancien nom qu’elles (les chroniques) donnent à la capital est Sawana Pum (la ville des Yaks c’est-à-diredes ogres) d’un mot sanscrit et d’un mot cambodgien que les arrivants prononcèrent Swa, puis qu’ils remplacèrent par Xieng-Dong Xieng-Thong.

D’après la charte de vat Keo, le Luong Java (Swa) s’apelle ainsi parce qu’il y avait beaucoup de métaux. Ils avaient descendu le fleuve jusqu’au confluent du Nam khane. Ils s’arrêtèrent sur un coteau flamboyant de toutes les fleurs écarlates d’un arbre gigantesque, le "may thong", haut de cent sept brasses et en mesurant sept de circonférence. Ils plantèrent des pieux comme limites du Lan Swa (Pays des Swa) du côté du nord, on choisit pour point de repère le Phou Xang (Phou : montagne) ; du côté de l’est, le Phou Xoang ; au centre, le Phou Khao Kla; au sud, le Phou Xang-Luang.

C’est pourquoi, précisent les Annales, on appelle le pays Lanxang, c’est-à-dire la région du Mont Xang . On l’appelle encore Xieng Dong Xieng Thong (cité de la rivière Dong, ville des arbres Thong) car la région était pleine de beaux "May thong" et arrosée par le Dong, le petit ruisseau qui coule au sud de la ville.

Le nom pali du royaume Lan Xang est "Kung Si Sata Nakhha Nahout" qui signifie "Royaume splendide du million d’éléphants" (Kung Si Sata Nakha Nabout. Kung=Royaume, capital, Si=splendide . Sata=éléphant. Nabout=dix mille ; après le synthaxe Pali, 100 éléphants, 10.000=100 fois 10.000=un million d’éléphants. Exemple due à l’obligeance du Maha chan Phéng phet Muong Swa, qui était le professeur de Pali (1966-1967) à Vientiane.

Comme le mot "Lan" a plusieurs sens : aire, pays, un million. "Lan Xang" peut alors se traduire de différentes manières "Pays du Mont Xang", ou bien "Pays des Eléphants", ou bien "Un million d’éléphants". On finit par en adopter la dernière traduction en ajoutant les mots "Hom Khao" (parasol blanc) : "Lan Xang Hom Khao" qui signifie royaume du "Million d’éléphants et du parasol blanc".

Le parasol est un des insignes Royaux dans l’Indochine Bouddhique : blanc au Laos, il est jaune au Cambodge (Pavie Auguste, Fondation du Royaume de Lan Xang Hom Khao, cité dans France-Asie, t. XII, 1956, p. 1057, note 1). Cependant, un nouvel élément d’incertitude est introduit par le nom pali "Kung Si Sata Nakh Nahouta": Le mot Sata (avec un seul t) signifie cent, mais le mot Satta (avec deux t), corruption de Sata (cent), signifie sept, d’autre part le mot Nakh a aussi deux sens : éléphant ou serpent. Aussi "Kung Si Satta Nakh" peut signifier encore "Royaume où il y a Sept Naga protecteurs" (Explicaton due à l’obligeance du vénérable Phra Maha méthi Vorakhoune, Kham Khoun Philavong, Directeur de l’institut des etudes Bouddhiques au Laos).

En effet, parmi les Phi Xua Muong génies chargés de la garde des frontières du Muong à chaque point cardinal à la plupart sont des serpents protecteurs du pays appartenant à la race de Naga et d’autres de Devata (dieux). En dehors des Phi Xua Muong, les autres génies locaux sont les quinze Pragna Nak (Nagaraja, génies des eaux) qui vivent dans les rapides, les rivières, à leur confluent et sur les rochers des rives. Ce sont des serpents qui peuvent aussi prendre la forme humaine.


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