LA MORT CHEZ LES LAO LOUM
1. Préparation psychologique avant la
mort
2. Préparation du corps après
son dernier soupir
3. Préparation de son voyage dans le
monde des PHI
4. Heuane di : Maison heureuse
5. Cérémonie funéraire
6. Post cérémonie
1. Préparation psychologique avant la mort:
Lorsqu'un malade est sur le point de mourir, les membres de la famille viennent avec des fleurs lui demander pardon de ce qu'il ont fait de répréhensible à son égard. Ce pardon donne santé et longue vie aux membres de la famille, et le mourant peut trépasser en paix, conservant dans son cur l'espoir de renaître dans une famille heureuse.
Pendant son agonie, le mourant se tourmente et une personne de son entourage doit préparer son esprit. Elle lui recommande de penser aux bienfaits qu'il a reçu sur cette terre et à ceux qu'il recevra dans l'autre monde, et de répéter, jusqu'à extinction respiratoire, la formule : " Phouthô, Thammô, Sankgô ", qui évoque la bonté la pureté originelles. Le mourant qui maintient son esprit sain et pur renaîtra heureux. Au contraire, celui dont l'esprit est malsain et impur, renaîtra malheureux. Un des préceptes bouddhiques dit : Un cur pur aspire au bonheur ; un cur impur entraîne l'homme vers le malheur ".
D'après la religion Bouddhique, il est recommandé
d'inviter les bonzes à venir prier aussitôt qu'on
s'aperçoit que malade va expirer ; car, en voyant les bonzes et en
entendant leurs prières, il s'en réjouit et n'a point à se
troubler devant la mort. Cependant, la plupart des moribonds considèrent
cette visite comme une chose funeste. Aussi, la prière a-t-elle lieu
habituellement lorsque le malade a rendu le dernier soupir ; elle se fera deux
fois par jour, tant que le cercueil demeura à la maison.
2. Préparation du corps après son dernier soupir:
On procède au bain mortuaire avec de l'eau tiède, puis avec de l'eau fraîche ; le froid doit être en contact avec la chaleur. C'est, en effet, une des lois de la nature que l'existence simultanée des contraires : le froid et la chaleur, le bonheur et le malheur, le meilleur et le pire, la naissance et la mort, etc Après le bain, on parfume le corps avec du jus de curcuma ou d'autres liquides odoriférants. Une ancienne exigeait qu'après l'onction de curcuma, on prît les empreintes du pied et de la main ; soit avec de l'étoffe blanche, soit avec du papier blanc. Mais cela se faisait seulement pour un chef de famille (père ou mère), un bienfaiteur ou un protecteur. Les héritiers, détenteurs de ces empreintes, les conservaient comme souvenir.
La toilette funèbre terminée, on revêt le cadavre de deux habits. Le premier vêtement se met à l'envers. S'il s'agit d'un veston ou d'un pantalon, on le retourne ; si c'est un sampot, le nud de le ceinture doit être derrière et la pointe devant. Le deuxième vêtement se met, lui comme à l'ordinaire, il est choisi parmi les costumes préférés du défunt de son vivant. L'habit à l'envers est celui de la mort. Cette dualité symbolise la succession infinie de la naissance et de la mort.
Puis on peigne le mort en se servant d'un peigne cassé
ou partiellement édenté. Pour cela, on brise tout exprès
un peigne neuf. Après usage, les vivants ne devront point s'en servir
sans péril. Il faut empêche le mort de revenir parmi les vivants
et, pour cela, attacher. On se sert d'un gros fils de coton blanc. Le
même lien sert à entourer le cou, à attacher les deux mains
ensemble et les pieds ensemble. Ne devant pas être coupé, ce lien
forme un nud à chacun des endroit attachés. Les trois
nuds symbolisent l'éternité. Le corps est enveloppé
d'un linceul ; il est allongé parallèlement à la grande
dimension de la maison, à l'inverse des vivants qui couchent toujours
dans le sens de la largeur pour se prémunir de surprise funestes durant
leur sommeil.
3. Préparation de son voyage dans le monde des PHI
Pourquoi introduit-on de l'argent et de l'or dans la bouche du mort ?. Il faut lui donner un viatique pour vivre chez les " PHI " (revenants), car ceux qui croient à l'existence des " PHI " pensent que le défunt renaîtra dans le monde des esprits. Il est vrai que, d'après la religion bouddhique, cette coutume a un sens : le défunt, si riche qu'il ait été de son vivant, ne peut rien emporter de ses biens. Il ne peut même pas avaler ce qu'on lui met dans la bouche. Seuls, ses mérites ou ses péchés peuvent le suivre. Seront mis en bière ceux qui sont morts de malade ordinaire ou de vieillesse.
Le cercueil est refusé à la femme morte en
couches ; à ceux ou à celles qui sont morts d'une maladie
contagieuse, tel le choléra, ou d'un accident, d'un assassinat. Ils
n'ont pas droit non plus à la prière des bonzes. Il semble
cependant qu'une évolution se dessine dans un sens plus charitable
à l'égard du défunt, sans toutefois contredire le dogme.
4. Heuane di : Maison heureuse
On doit veiller jour et nuit. Les veilleurs causent, jouent, se livrent à quelque divertissement. Durant le séjour du mort à la maison, et même plus tard, se déroulent des fêtes, plus ou moins importantes selon la situation de la famille, au cours desquelles la famille fait des offrandes, donne des repas aux bonzes et à tous ceux qui viennent lui prêter leur concours. Les bonzes sont invités aux obsèques, parce qu'ils sont nos précepteurs, nos guides. Ils nous mettent sur le bon chemin, comme ils nous conduisent vers la pagode pour y entendre les règles bouddhiques et à pratique la charité pour qu'après la mort, nous puissions monter au paradis.
La maison mortuaire est appelé " Hueundi "
(maison heureuse). Là, on travaille, on cause, on chante, on boit, on
danse et on joue. On y entend le bruit des orchestres et les cris de joie. De
tels spectacles ont quelque chose de déconcertant aux yeux des
étrangers. Il ne faut pas, cependant, attribuer à ces geste une
marque d'irrévérence à l'égard du mort. La famille
du défunt, malgré son air souriant, souffre profondément.
Elle s'abstient de se répandre en pleurs et en lamentations publiques,
car elle sait la dignité de la douleur discrète et noble.
Il est recommandé à un ou plusieurs des fils ou petits-fils du défunt de se faire bonze pour le conduire au cimetière ; ils rendent ainsi correctement les derniers devoirs à leur bienfaiteur. Cinq bonze suffiront pour conduire les funérailles. Le jour venu, les proche parent du défunt doivent se vêtir de blanc, symbole de la pureté et signe du deuil. Les parents éloignés, les amis et connaissances n'y sont pas contraints. Ils suivent le cortège derrière les proches parents.
Dès que le cortège funèbre parvient au cimetière, on dépose le cercueil dans un endroit convenable. Les bonzes récitent des prières tant pour le mort que l'assistance : " Le corps que l'âme a quitté n'est rien. Bientôt, il sera chose inutile sur le terre, comme le tronc de l'arbre mort. La vie est chose éphémère et mort se succèdent suivant un rythme naturel. Après être né, il faut disparaître. Le bonheur est le néant de cette disparition. Tous les animaux meurent, sont morts ou devront mourir.
Nous aussi, nous mourrons : la mort n'est pas douteuse ". Ce n'est, ni par les plaintes, ni par les leurs, que la famille espère obtenir le bonheur futur du défunt ; c'est par la pratique de la charité, l'observance des commandements bouddhiques, l'audition des sermons, la méditation pieuse. Après les prières d'usage et les offrandes aux bonzes, le cercueil est, suivant le cas ; mis dans la fosse ou transporté sur le bûcher crématoire. Mais avant cette opération, on, a eu soin de faire au cercueil trois tours de la fosse ou de bûcher. Puis, avec le fléau servant à transporter le cercueil, ou avec le coin du cercueil près duquel se trouve la tête du mort, on frappe trois fois sur un des pieux de la fosse ou sur le bûcher.
Cette coutume a pour but de prévenir le défunt et les vivants que la naissance et la mort se succèdent indéfiniment dans les trois mondes des PHOM ; ou encore que chaque homme, durant sa vie, assiste à trois cortèges : Celui qui l'accompagne à la pagode pour se faire bonze ; celui qui l'accompagne chez la mariée ; celui qui le conduit à sa dernière demeure. Avant la crémation, on ouvre le cercueil, puis on lave la figure du mort avec de l'eau de coco et du parfum. L'eau de coco est le symbole de la pureté.
Pour mettre le feu au bûcher, les assistants munis chacun
d'un cierge, d'une torche résineuse ou d'une baguette de santal qu'il
allument à un feu préparé par avance, se rendent au
bûcher en file indienne, suivant un ordre de préséance bien
établi, et jettent le brandon dans le four en se murmurant à
l'adresse du mort : " Puissiez-vous renaître dans la
béatitude ! ". Pour l'allumer, il est interdit de prêter sa
flamme ou de se servir de celle d'un voisin. Pendant ce temps, la famille fait
des offrandes, dite " Van Kalaphuk " et Van Fonha-Kèo ",
qui consistent à lancer à la foule, par poignées, des
citrons ou des bouts de branches de bananier dans lesquels a été
introduite une pièce de monnaie, ou des pièces de monnaie
mélangées à du riz grillé appelé "
Khao-Tok-Tèk ". Mais on pense à ceux qui restent. La maison
mortuaire à été entourée d'un long fil de coton
appelé é Faï-Moungkhoun ", pour chasser de la maison
mortuaire la tristesse, les maladies, le malheur, les phi, etc
..
La cérémonie terminée, on enlève le fil de coton. Et on recueille le lendemain les os du défunt, la famille fait des préparatifs spéciaux, elle invite les bonzes à y assister rassemble les offrandes, apporte les outils nécessaires, fait porter des seaux d'eau pour éteindre la braise et laver les os. Avant de toucher aux cendres, on doit voir si elles laissent des empreintes animales ou humaines. Le défunt renaîtra sous la forme d'un homme, d'un oiseau, d'un poulet, d'un buf, d'un buffle, suivant que l'empreinte laissée sur les cendres est celle d'un homme ou d'un animal.
Ce dernier cas se présente, il est vrai, rarement. On
recueille les os dans un morceau de bananier évidé, à
l'aide de pinces en bois. Les ossement sont ensuite mis dans une urne
posée soit au milieu du four crématoire, soit en dehors. Puis on
élève dans ce four une statue faite de centre mouillée et
représentant vaguement un être humain. Avec un fil de coton, on
entoure l'urne et les offrandes ; puis on invite les bonzes à faire la
prière qui clôt la cérémonie. L'urne contenant les
ossements du défunt sera confiée par la famille à une
pagode, ou enterrée dans un emplacement choisi sur lequel sera
élève un tombeau ou eu stupa.
[ Retour ] | [ La mort Suite en Image ] | [ Visiter pays ] |