XIENGKHOUANG

La province de XiengKhouang située au nord du pays abrite environ 200 000 habitants. Partageant une frontière commune avec le Vietnam, elle peut tristement s'enorgueillir d'avoir été l'une des régions les plus bombardées du Laos par les Américains. L'ensemble de son relief en est définitivement marqué et les trous et cratères que l'on peut apercevoir en survolant la région en avion sont des exemples qui n'appellent aucun commentaire superflu.

Cette région trés montagneuse, dont certains sommets dépassent 2000 mètres d'altitude, abrite peu de minorités ethniques. Les Lao Loum (ou Lao des plaines) sont ici très nombreux, au même titre qu'une diaspora vietnamienne récemment installée mais dont la première intrusion sur le territoire remonte à l'époque où la province de XiengKhouang était un Etat inféodé au royaume vietnamien du Tran Nin.

HISTOIRE:
Les Jarres sont la preuve matérielle d'une présence humaine dans la région qui daterait d'avant le VIIIè siècle. Certains pensent que ce sont les Khas qui en furent à leur origine, mais la communauté scientifique manque de preuves et, à l'heure d'aujourd'hui, ces fameuses jarres sont loin d'avoir livré tous leurs secrets. Selon les annales, il semblerait que XiengKhouang, royaume semi-indépendant des Phouan ayant pour centre la plaines des Jarres, aurait été fondé par Chat Chuong, le septième fils de Khoun Boulom au moment même où Khoun Lo fonda Luang Prabang.

En 1353, XiengKhouang fut incorporé comme principauté tributaire dans le royaume du Lane Xang par Fa Ngoum. En 1434, XiengKhouang devint un Etat vassal de Hanoi mais lorsque ce dernier tenta de s'accaparer la région, il reçut une vive opposition et cet acte déboucha sur une invasion vietnamienne dans le Lane Xang en 1478.

C'est ainsi qu'à partir de 1479, XiengKhouang devint un Etat vassal vietnamien. Cependant, lors des XVIè et XVIIè siècles, les relations économiques et diplomatiques de XiengKhouang étaient davantage tournées vers le Lane Xang. Avec la séparation en trois royaumes du Lane Xang, XiengKhouang se retrouva de nouveau sous influence vietnamienne.

En 1830, lorsque Chao Noi de XiengKhouang livra aux armées siamoises, Anouvong le roi de Vientiane, Hanoi l'exécuta pour avoir agi sans son consentement. Jusqu'à la fin du XIXI siècle XiengKhouang subit l'influence vietnamienne et maintes familles Phouan durent s'expatrier en Thailande. A la signature du traité franco-siamois de 1893, XiengKhouang devint un territoire lao-francais.

Le XXe siècle connaît hélas son lot de tragédies et d'instabilités. De 1945 à 1946, les principaux affrontements entre le Lao libre et le Vietminh eurent lieu. Lorsque les Français quittèrent la région après les accords de Genève, Hanoi y envoya ses troupes. En 1964, seize postes de DCA furent installés dans la plaine des Jarres par les Nord-Vietnamiens et le Pathet Lao. A la fin des années 60, la plaine des Jarres était le lieu privilégié des bombardements quotidiens américains, des combats terrestres entre l'armée hmong (soutenue par les Américains) et les forces du Pathet Lao alliées à l'armée nord-vietnamienne.

Le bilan à la fin des années 60 fut le suivant : environ 1 500 bâtiments dans la ville de XiengKhouang et environ 2 000 habitations dans la plaine des Jarres furent décimés par un seul raid aérien mené dans le cadre de la Guerre secrète et commandité par l'armée de l'air américaine et la CIA. Les troupes nord-vietnamiennes furent responsables des dommages au sol et ont littéralement rasé la ville proche de Muong Sing (célèbre jadis pour ses temples), ainsi que maints villages trop teintés politiquement. Les déboires de ces années de violence ont malheureusement de graves effets secondaires aujourd'hui : les campagnes et les rizières sont toujours infestées d'engins explosifs non désamorcés. D'ailleurs la plupart des expatriés dans la région travaillent au sein des ONG et des organismes tels que Mines Advisory Group ou UXO qui s'occupent du désamorçage des engins explosifs..