HISTOIRE DU LAOS

Sommaire

1. Période préhistorique
2. Période protohistorique
3. L'origine du peuple lao et ses légendes
       3-1. Légende de Koun Bourom
       3-2. Autre version de la légende de Koun Bourom
       3-3. Si satta nak
       3-4. Khoun Bourom, légende ou stratégie politique
       3-5. Origine des lao
       3-6. Nos pays voisins et leurs légendes
4. Unité du pays: Lane Xang
5. Instabilité et attaque vietnamienne
6. L'apogée de Lane Xang
7. Territoire âprement disputé, éclatement du royaume
8. Pays divisé et expansion siamoise
9. Protectorat français
10. Pays réunifié
11. Indépendance du Laos
12. Développement du mouvement Pathetlao (Lao Issara)
13. Coalision et Instabilité
14. La guerre fraticide
15. L'exode
16. Evénements politiques marquants (datés) de la période coloniale jusqu'à 1975
17. Album Documents et Images Archives
18. Chronologie en bref
19. D'autres documents sur l'histoire de Lane Xang et du peuple lao
       19-1. Documents préhistoiriques
       19-2. Les sources de l'histoire de Lane Xang
       19-3. Fa Ngoum, son Origine et Unité du Royaume de Lane Xang
       19-4. Fa Ngoum et la reconquête des terres natales
       19-5. Fa Ngoum, Unification et Expansion territoriale
       19-6. Fa Ngoum et la structuration du Royaume
19. Les drapeaux du Laos

      


1. Période préhistorique:

La présence des premiers habitants du pays remonte à plus de 10000 ans. Le résultat des fouilles archéologiques dans la région de LuangPrabang et Houaphan constitue une preuve formelle de l'existence de vie à l'époque. Effectivement, lors de ces fouilles, on a découvert des outils, des ustensiles et bien d'autres objets. De nombreux vestiges, dont les plus connus sont les fameuses jarres de la plaine de XiengKhouang, rebaptisée Plaine des Jarres, témoignent des civilisations qui ont occupé le territoire de l'actuel Laos au temps de la préhistoire. Cette période, jusqu'aux 3ème et 4ème siècles après J.C, est très peu connu.

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2. Période protohistorique:

Dès la fin de la période préhistorique, des relations maritimes s'établissent entre l'Inde et la péninsule indochinoise. Le Laos, placé sous l'influence directe du royaume Khmer, subit la marque de la civilisation hindoue, que l'on trouve encore aujourd'hui. On ne connaît pas l'origine exacte de la population de cette époque. Cependant, on sait qu'elle parlait une langue mône-khmère et elle bénéficia de l'influence civilisatrice du royaume Môn de Dvaravati. Le site de Vat-Phou à Champasak, près de Champasak, est né de cette civilisation.
Entre 10ème et 13ème siècles, commence véritablement l'histoire du Laos. A cette époque se place la descente des populations Thaïs, cousins des Thaïs du Siam, venant de la Chine du Sud et s'installent au Laos, dans les plaines et dans la vallée du Mékong. Les villages, les villes et les petites principautés se forment un peu partout.

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4. Unité du pays , Lane Xang:

De 1340 à 1350, le prince Fa Ngoum, élevé à la cour du royaume Khmer et marié à la princesse khmère Nang kèo KingKanya, entreprend la conquête de toutes les petites principautés disséminés le long du Mékong. Il unifie le pays. Proclamé roi en 1553, il fonde le Lane Xang, royaume du "million d'éléphants", à Xieng Thong (Luang Prabang). C'est le premier état lao unifié. Il apporte également le bouddhisme (Petit Véhicule) ainsi que la statue du bouddha d'or Prabang , offerte par son beau père, qui donne son nom à la cité royale.

Ce monaque conquérant n'eut de cesse d'agrandir son royaume et, sous son règne, ses armées assurèrent le contrôle de Khammoune et des villes de Vang Vieng, Savannakhet, Sépone et Lao Bao. Il laissa en place les chefs locaux qui, devenus gouverneurs, continuèrent à diriger leurs fiefs dans un esprit d'indépendance qui les incitait sans cesse à secouer le joug du pouvoir de Fa Ngoum.
En 1356, Fa Ngoum s'empara de Vientiane et de sa province. Pour autant Xieng Thong demeura la capitale du pays. Le bouddhisme theravada devint la religion officielle. .
Mais le roi FaNgoum fut déposé et exilé en 1373 et remplacé par son fils Sam Sène Thaï qui accéda au trône à tout juste dix-huit ans. Un recensement effectué en 1376 dénombre 300000 ( Sam Sène ) habitants de race Thaï-lao, d'où le nom "Sam Sène Thai" qui veut dire 300000 Thaïs. Le royaume de Lan Xang est prospère. Mais après la mort de Sam Sène Thaï, il y a une série de révolutions de palais et d'interventions étrangères. La richesse du royaume attire les états voisins.

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5. Instabilité et attaque vietnamienne:

A sa mort, en 1416, Sam sène thai laissa un royaume relativement organisé et uni, mais sa disparition entraîna une longue période d'instabilité. C'est ainsi que sous le règne de Chao Tiakaphat le pays passa sous domination vietnamienne, suite à une mauvaise farce.
En effet, le prince de Chienglau, le plus âgé des fils de Chao Tiakaphat, se procura un jour un éléphant sacré, espèce suffisamment rare et adulée pour qu'une telle possession attire la jalousie. L'empereur du Vietnam, apprenant l'extraordinaire nouvelle, demanda que lui soient expédiés les cheveux de l'animal. Mais le prince, détestant les vietnamiens, plutôt que de se plier à cette demande, fit porter à l'empereur une boîte contenant les excréments de l'éléphant. Ce à quoi celui-ci répondit en levant une gigantesque armée. Les troupes du prince s'élevait à 200000 soldats (soit les deux tiers de la population du royaume) et 2000 éléphants.
Plus nombreuse, l'armée vietnamienne vainquit et la ville de Luang Prabang fut envahie et mise à sac.

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6. Apogée de Lane Xang:

Cependant, peu de temps après, les vietnamiens furent chassés par le fils de Tiakaphat, Souvana Banlang, mais la paix ne fut véritablement restaurée que sous le roi Visounnarat, celui- là même qui fit construire le Wat Vixoun de Luang Prabang. Ainsi, au milieu du XVII ème siècle, le Lane Xang s'étendait au sud jusqu'aux frontières actuelles du Cambodge, à l'est jusqu'à la chaîne annamitique et à l'ouest jusqu'aux limites encore variables des royaumes de Xieng May et d'Ayuttaya.

Entre 1520 et 1548, sous le règne de Phothisarath, Vientiane est devenu la capitale. Le Lane Xang connaît, avec l'annexion du trône de Xieng May (Nord de la Thailande), sa plus grande expansion territoriale. L'extension géographique du royaume rendait néanmoins de plus en plus difficile un contrôle direct depuis la capitale. Sur le plateau de Tran-ninh, la principauté de Xieng Khouang s'affermissait, à chaval sur la chaîne annamitique et, par la suite, elle allait tout aussi souvent dépendre du Vietnam que du Lane Xang

Xieng Thong (Luang Prabang), la capitale, n'était toujours pas à l'abri des invasions et après les vietnamiens, ce furent les armées birmanes qui attaquèrent la ville. Aussi, afin d'être plus au centre du royaume et maintenir, du même coup, une meilleure liaison avec son allié siamois du royaume d'Ayuttaya, également menacé par les Birmans, le roi Setthathirath transporta en 1563 la capitale de Xieng Thong à Vientiane (où son père, le roi Pothissarath avait déjà commencé à résider). Il y apporta le fameux Bouddha d'émeraude - le Phra Kèo, cadeau des notables de Chiangmay, dont il était l'ancien seigneur, et le déposa dans une magnifique pagode (le Wat Ho Phra Kèo).

Entre 1548 et 1571, le roi Setthathirath fait construire un palais dont le temple reçoit le célèbre bouddha d'émeraude. Le stupa, That Louang Vientiane, est également construit sous son règne. C'est alors l'apogée du royaume de Lan Xang.
Pendant sa mission dans la province d'Attapeu pour lutter contre les Khas, Setthathirath disparut dans des conditions mystérieuses, sans laisser d'héritier direct. Cette disparition plongea le pays dans une grave crise et, profitant de cette période de faiblesse, les armées birmanes envahirent le Lane Xang, le gardant sous contrôle pendant plusieurs années. Le Lan Xang connaît des périodes d'instabilité et même parfois de l'anarchie totale puisque cinq rois se succèdent entre 1627 et 1637.

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7. Territoire âprement disputé, éclatement du royaume:

Il faut attendre l'avènement du roi souligna Vongsa, en 1637, pour que le Lane Xang soit rétabli dans son unité et retrouve la prospérité. Les limites du royaume furent alors fixées d'une manière définitive à la suite d'accords passés avec les princes voisins. Souligna Vongsa était en bons termes avec le Vietnam puisqu'il s'était marié avec la soeur de l'empereur Le Thanh Ton et, ensemble, ils avaient convenu d'un tracé délimitant leur territoire respectif.

Cette frontière consistait dans l'accord suivant : les populations vivant dans des maisons sur pilotis et avec véranda seraient considérées comme sujets du Lane Xang, celles habitant dans des maisons sans pilotis ni véranda seraient alors vietnamiennes.
En 1641, encore au début du règne de celui que l'on considère un peu comme le roi Soleil laotien, le marchand néerlandais Gerrit van Wuysthoff allait être le premier européen à visiter le Lane Xang, bientôt suivi par des missions jésuites. Mais, à part une poignée d'aventuriers, le royaume du Lane Xang allait rester pendant encore de nombreuses années à l'écart de la zone d'influence européenne. Souligna Vongsa réussit à rétablir la paix durant 57 ans.

A sa mort en 1694, Souligna Vongsa ne laissait pas d'héritier et il n'en fallait pas davantage pour que la succession du roi défunt entraine de violents affrontements parmi les prétendants au trône et marque ainsi la fin de l'unité laotienne. En 1700, le Lane Xang éclata finalement en trois royaumes :
-Vientiane, gouverné par le neveu de Souligna Vongsa;
-Luang Prabang, dirigé par l'un de ses petits-fils
-Le nouveau royaume de Champassak, au sud.

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8. Pays divisé et expansion siamoise

Les Etats voisins, qui guettaient l'héritage du Lane Xang, ne tardèrent pas à comprendre l'avantage qu'ils pouvaient tirer d'une scission qui, d'abord provisoire, devait vite s'avérer définitive. En 1753, les Birmans du roi Alompra prennent et pillent Luang Prabang puis se retirent. Quelques années plus tard, redoutant une nouvelle attaque, l'ancienne capitale du Lane Xang sollicite la protection des Siamois.

En Octobre 1778, Vientiane est prise par les troupes siamoises du futur roi Rama 1er, et les deux bouddhas sacrés du pays, Prabang et Prakèo, sont emmenés à Bangkok. Le second ne sera jamais rendu et restera à Bangkok jusqu'à ce jour, considérant qu'il s'agissait d'un bien siamois car issu de Chiangmay. L'administration de Vientiane est alors placée sous le contrôle de Bangkok.

Quant au royaume de Champassak, n'ayant jamais cherché sa soumission à l'égard du Siam, c'est l'ensemble de l'ancien Lane Xang qui se voit ravalé au rang de vassal de l'Etat siamois. De ce jour, Bangkok intronisera les rois laotiens et intégrera leurs troupes dans ses armées. En 1805, le roi Chao Anou est placé sur le trône de Vientiane. Celui-ci n'entretient pas de bonnes relations avec les Siamois et ne rêve que de redonner au Laos son lustre d'antan.

Aussi décide-t-il à la mort du roi siamois Rama II, d'organiser une rébellion. Il lève une armée et marche sur Bangkok, en demandant le soutien des vietnamiens. Malheureusement, à Khorat, dans le nord-est de la Thailande, ses efforts sont stoppés et son armée mise en déroute. La tragédie ne tarde pas à s'ajouter à l'honneur perdu de la défaite militaire.
Vientiane est mise à sac et plus de six mille familles sont exilées sur la rive droite du Mékong, en territoire siamois. Quant au roi Chao Anou, vaincu, il fuit vers Annam (Vietnam). Il est capturé et transféré à Bangkok où il mourra en captivité. Vientiane est ensuite saccagée, les monastères sont brûlés et la population est déportée vers la Thailande. Vientiane est sous contrôle du Siam ( Thailande ) ainsi que Luangprabang.

Cependant, avant de disparaître, Chao Anou jeta une malédiction contre la Thailande, en affirmant que le prochain roi de ce pays qui oserait mettre à nouveau les pieds sur le sol laotien, trouverait la mort peu de temps après. De ce jour, plus aucun monarque ne s'est avisé de traverser le Mékong pour fouler la terre laotienne et, en 1970, à la suite de la signature d'un important contrat hydroélectrique et la mise en place du barrage de la Nam Ngum, le roi de Thailande (Phoumiphon Adoulyadeth) qui était officiellement invité aux festivités, décida d'organiser celles-ci sur un radeau au milieu du fleuve.

Le demi-siècle qui suivit marqua la désintégration définitive du royaume lao. La province désertée de Vientiane restait sous influence thailandaise, tandis que Luang Prabang devenait un véritable Etat vassal du royaume de Siam. Au même moment, le royaume de Xieng Khouang était envahi par les Chinois, au grand damne de ses anciens seigneurs vietnamiens qui voyaient disparaître leur principale réserve d'esclaves. Craignant l'élan expansionniste des Chinois, les Thailandais expédièrent un important corps d'armée dans la région de Luang Prabang. Le défunt Lane Xang, ainsi morcelé, devint un mets de choix pour des Etats voisins toujours en quête de nouveaux territoires. Mais le partage ne s'effectuant pas dans des conditions pacifique, le nord du Laos devint également une zone dangereuse, souvent théâtre de pillages et de batailles.

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9. Protectorat français:

La France, établie depuis 1860 en Cochinchine, commençait à cette époque, à s'intéresser à la vallée du Mékong. En 1861, un explorateur français, Henri Mouhot, était arrivé à Luang Prabang, où il avait été officiellement reçu. Après l'établissement du protectorat sur le Cambodge, en 1863, l'expédition Doudart de Lagrée avait également remonté le Mékong jusqu'à proximité de Luang Prabang. La présence française s'insinuait de plus en plus dans cette partie de l'Asie.

Les Anglais ayant, pour leur part, pris possession de la Birmanie et de la péninsule malaise, le Siam ne pouvait que se montrer inquiet quant à sa politique d'hégémonie dans la région. Il le fut d'autant plus lorsqu'il appris l'installation définitive des Français au Tonkin (1882-1883) et la mise sous protectorat du royaume de Hué. De nombreux différends au sujet de leurs frontières communes ayant opposé le Siam et le Vietnam, au cours des dernières années, les Siamois prirent rapidement conscience de la situation délicate dans laquelle ils se trouvaient, notamment lorsque le royaume de Hué demanda à la France de sauvegarder les droits du Vietnam au Laos.

Une note émanant des autorités françaises fut ainsi envoyée à Bangkok et, en mai 1886, le Siam, sous la pression, dut admettre l'installation à Luang Prabang, d'un vice-consulat français, chargé en particulier de défendre les droits que la France venait d'hériter du Vietnam. Le poste fut confié à Auguste Pavie mais celui-ci arriva sur place au moment qu'avaient choisi les rebelles chinois, baptisés Pavillons noirs, pour s'emparer de la ville. Ralliant leurs énergies, le groupe de Pavie et les troupes du roi du Luang Prabang, Oun Kham, parvinrent à faire reculer les bandits chinois. Tiraillé de tous côtés par la Chine, le Siam et la France, le roi Oun Kham, pour sauver son royaume, choisit ce qui lui apparut certainement comme un moindre mal en demandant à la France son protectorat.

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10. Pays réunifié:

La pression française s'accroissant sur le Siam, celle-ci tenta tant bien que mal de préserver les territoires qu'elle avait acquis sur la rive gauche du Mékong, suite à des batailles menées contre les troupes vietnamiennes. Mais la France, garante des intérêts vietnamiens (le colonialisme naissant n'avait alors aucun problème de conscience) en territoire laotien ne voulut rien entendre. Elle exigea la restitution de l'ensemble de ses territoires et dut même faire preuve de sa puissance navale devant Bangkok pour que le Siam, acculé, accepte de céder le Laos.

Un protectorat français sur l'ensemble du Laos voyait ainsi le jour, le 3 octobre 1893. D'autres accords suivirent avec la Chine et la Birmanie pour déterminer le tracé des frontières. La France prenait alors les pleins pouvoirs sur l'Indochine pendant cinquante ans. En 1893, le Laos ne représentait pas une entité politique. Seul le royaume de Luang Prabang conservait encore, bien que profondément affaibli, l'apparence d'un Etat.

Les royaumes de Vientiane, de Xieng Khouang et de Champassak avaient disparu, mais leur territoire respectif était désormais libéré des tutelles siamoises et vietnamiennes. Des gouvernements, sans liaison entre eux, continuaient à y exercer une certaine autorité. Le gouvernement français, par manque de connaissance, les considérait alors comme de simples provinces, perpétuellement contestées entre le Siam et le Vietnam, et sur lesquelles la France se devait dorénavant de faire régner la paix, l'ordre et la loi.

En 1941, un traité franco-laotien intègre au royaume de Luangprabang des provinces du Nord et de l'ancien état de Vientiane. Le reste du pays, divisé en huit provinces, reste administré, comme une colonie, par la France.
Au début du siècle, seule une petite centaine de civils français étaient déjà allés au Laos et l'attitude de l'administration coloniale à l'égard du Laos était un brin négligente. L'un des premiers désagréments que connut le peuple laotien fut l'arrivée de fonctionnaires vietnamiens (l'ennemi héréditaire) pour s'occuper du service public. Le roi fut autorisé à résider à Luang Prabang mais ses pouvoirs étaient plutôt symboliques qu'effectifs. Dans la torpeur coloniale ambiante, une petite communauté avait accès à l'enseignement français et parmi celle-ci, une élite francophone n'allait pas tarder à se former et dans les années 40, alliant les actes au discours, commencera à rallumer la flamme du nationalisme laotien..

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11. Indépendance du Laos:

En 1941, tandis qu'en Europe la Deuxième Guerre mondiale fait rage, le Japon, allié de l'Allemagne, envahit le Laos avec l'accord des autorités françaises de Vichy. En 1945, à la fin du conflit, les Laotiens, débarrassés des Japonais et ayant vu la manière dont les Français avaient été déchus de leur pouvoir sur l'ensemble du pays, prirent réellement conscience de leur droit à réclamer l'indépendance.
Peu de temps auparavant d'ailleurs, le roi Sisavang Vong, partisan des Français, avait été forcé par les Japonais, de déclarer l'indépendance du Laos. Ce simulacre n'ayant pas convaincu les nationalistes laotiens, le Premier ministre et vice-roi, Phetsarat, créa le mouvement Lao Issara (Laos libre), sachant pertinemment qu'après le départ des Japonais, les Français tenteraient de se réapproprier le Laos.

Le 11 septembre 1945, Phetsarat déclarait l'indépendance du Laos mais, comme il était prévisible, la France refusa de reconnaître le nouvel Etat et fit tout ce qui était en son pouvoir pour diligenter le mouvement nationaliste. Elle parvint à ses fins puisque l'armée Issara fut écrasée à Vientiane, en 1946, par des troupes françaises et laotiennes, quelques jours seulement après que le roi Sisavang Vong, s'étant finalement rangé du côté Issara, devienne pour la première fois, le roi d'un Laos unifié. Si Sisavang Vong put finalement rester au pouvoir, les dirigeants nationalistes d'Issara durent se réfugier à Bangkok où ils recommencèrent à s'organiser, aidés cette fois, par les communistes vietminhs de Hanoi. Pourtant, en 1946, la France, se relevant péniblement de la guerre et commençant à sentir des tensions au Vietnam, accepta l'idée d'autonomie du Laos. Elle convia le parti Issara aux négociations mais celui-ci, au lieu de faire corps, se scinda en trois factions distinctes.

- La première, dirigée par le leader historique du mouvement, Phetsarat, se refusait à toutes discussions avec la France et exigeait l'indépendance immédiate du Laos.

- Plus modérée, la seconde, sous la direction du prince Souvanna Phouma, demi-frère de Phetsarat, comprenait l'obligation de négociations avec la France et semblait prête à accepter quelques compromis.

- La troisième faction, quant à elle, était sous le commandement d'un autre demi-frère de Phetsarat, le prince Souphanouvong, qui décida de s'unir avec les dirigeants vietminhs, formant ainsi la branche armée du mouvement.

Finalement, après l'autodissolution du Lao Issara en exil à Bangkok, la France octroya au Laos, en 1949, le statut d'Etat associé indépendant avec la réunification complète sous la couronne du roi de Luangprabang Sri Savang Vong et le drapeau à l'éléphant tricéphale.
Le pays faisait toujours partie de l'Union française mais il put enfin devenir membre des Nations-Unies, ce qui signifiait que pour la première fois de son histoire, le Laos était considéré comme un véritable Etat aux yeux de l'Occident. Cette reconnaissance internationale et l'annonce de l'arrivée d'une mission économique américaine pour calculer les besoins réels du pays, en grisant, dans un premier temps, les milieux politiques laotiens, leur permirent également de percevoir que l'hégémonie de la France s'effritait pour laisser davantage de place aux Etats-Unis..
 
En 1953, le traité franco-laotien accorde la plaine souveraineté au Laos.

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12. Développement du mouvement Pathetlao:

Pendant ce temps, celui que l'on allait bientôt baptiser du pseudonyme de prince Rouge, le prince Souphanouvong, créait au Vietnam le Pathet Lao (13 août 1950) qui se voulait le porte parole de toutes les couches sociales, tous les groupes ethniques et toutes les régions, occupées aussi bien que libérées. La création de ce gouvernement provisoire de résistance fut accompagnée d'un manifeste en douze points dans lequel étaient affirmées l'indépendance totale du Laos et la formation, pour sceller l'unité du pays et la paix, d'un gouvernement de coalition. "Front Uni, Gouvernement de coalition, on retrouvait les formules de base de la Nouvelle Démocratie de Mao Tsé-toung".

En 1950, Souphanouvong parvint à installer son quartier général dans la province de Samneua. Le Pathet Lao n'était plus seulement un parti en exil, il devenait une menace pour la France et le gouvernement lao en place. Le régime colonial français, de plus en plus exténué, et perdant sa mainmise sur les provinces du nord, concéda davantage d'indépendance au gouvernement royaliste laotien. Aussi, pour se retirer honorablement, signa-t-elle un traité d'amitié et d'entraide, permettant même au Laos d'acquérir le statut de protectorat français. Au lieu de s'installer à Vientiane, le roi lui préféra Luang Prabang mais, comme il était à craindre après le départ des troupes françaises, l'ancienne capitale royale devint le théâtre d'attaques régulières du Vietminh et du Pathet Lao. Aussi, pour respecter les termes du traité de protection récemment signé, la France se décida, un peu tard, semble-t-il, à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre l'avancée des troupes communistes qui, à l'époque, contrôlaient la zone stratégique reliant Luang Prabang à Dien Bien Phu.

Sans réelle surprise, les soldats français subirent un cuisant échec militaire qui laissait présager le sort de la future bataille de Dien Bien Phu. Avec les accords de Genève, en juillet 1954, suite à la nouvelle défaite française au Vietnam, le gouvernement d'Hô Chi Minh prit le contrôle de tous les territoires au nord du 171 parallèle, voisin du Vietnam. Ces accords garantissaient la liberté et la neutralité du Laos mais, avec l'avancée et la pression constante des communistes, les Etats-Unis décidèrent d'agir.

Puisque la France devait se retirer, ils allaient assumer la relève contre le communisme et s'assurer une présence en Asie du Sud-Est. Après avoir copieusement arrosé de billets verts la vie économique locale, Washington décida de mettre sur pied et de rémunérer une armée royaliste, forte d'environ 50 000 soldats pour se battre dans le nord du pays. A cela allait bientôt s'ajouter une importante assistance militaire, la création de troupes clandestines et la percée de la CIA dans la vie politique laotienne. C'est ainsi qu'en 1960, un important stock d'armes fut distribué à un général de l'armée royaliste, appelé Vang Pao, qui allait, par la suite, devenir le chef charismatique des troupes Hmongs à Xieng Khouang.

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13. Coalition et instabilité:

De 1951 à 1954, le gouvernement royal, dirigé par le modéré Souvanna Phouma, était à la tête d'un pays déchiré. L'aide économique américaine perturbait sérieusement la fragile économie laotienne. La spéculation allait bon train et aucun développement industriel ne s'était amorcé.

En 1957, le gouvernement royal laotien fut amené à composer un gouvernement de coalition avec le FPL (Front populaire laotien), organe national émanant du PPL, premier Parti communiste laotien. Celui-ci était dirigé par Souphanouvong. A ses côtés se trouvait déjà Kaysone Phomvihane, ainsi que Nouhak Phounsavanh personnages clés de PPL.

Suite à de nouvelles élections, en mai 1958, le FPL remporta 9 des 21 sièges dans le nouveau gouvernement d'union nationale. Souphanouvong et l'un de ses proches furent donc conviés à prendre part à un cabinet de coalition, tandis que plusieurs autres membres fondateurs du Pathet Lao étaient élus députés à l'Assemblée nationale. Mais l'entente n'allait guère durer.

En juillet, Souvanna Phouma présenta à l'Assemblée un projet de réforme monétaire, qui allait inévitablement léser de nombreux intérêts. Ce projet fut vivement combattu et lorsqu'il fut finalement refusé, Souvanna Phouma n'eut d'autre recours que la démission. Il fut remplacé par Phoui Sannanikone dont le gouvernement faisait une part importante au CDIN (Comité de défense des intérêts nationaux), dont l'état-major réunissait une élite instruite, grande bénéficiaire de l'aide américaine.

A peine installé, Phoui Sannanikone mena une politique d'éradication du FPL. S'il n'était évidemment plus question d'un gouvernement de coalition, les deux principaux dirigeants du FPL, Souphanouvong et Phoumi Vongvichit, furent même astreints à résidence à Vientiane tandis que plusieurs sympathisants du FPL étaient tout simplement mutés ou révoqués. Les rapports avec les dirigeants du Sud-Vietnam, profondément anticommunistes, s'intensifièrent et un accroissement de l'aide économique et militaire des Etats-Unis fut sollicité.

Les Etats-Unis n'étaient pas dupes que les sommes allouées au gouvernement laotien étaient en partie détournées à des fins personnelles. Le gouvernement Sannanikone se discrédita peu de temps après auprès de l'opinion internationale en faisant croire à une offensive dans le nord des forces du Pathet Lao, appuyées par Hanoi et en emprisonnant Souphanouvong. Un rapport d'enquête de l'ONU prouva qu'il n'en était rien.

Les événements confus qui suivirent illustrent bien l'état d'instabilité et les différences d'opinions qui régnaient au sein du gouvernement laotien. En décembre 1959, un coup d'Etat militaire éclata bientôt relayé par un gouvernement … majorité CDIN, soutenu par l'armée.

Les données étaient ainsi claires : les partisans d'une politique modérée et conciliatrice entre les différents partis laotiens étaient priés de se taire, dorénavant la priorité revenait à la lutte anticommuniste et à l'éviction pure et simple du Pathet Lao. Une reprise de la guerre civile s'avérait donc inévitable.

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14. La guerre fraticide:

En mai 1960, Souphanouvong, ainsi que quinze co-détenus, parvint à s'évader du camp où il avait été interné. Il se réfugia au nord, en zone dissidente et son prestige grandit d'autant plus que son mouvement canalisait toujours davantage les opposants à la présence américaine et au régime aristocratique en place. Pourtant, le 9 août 1960, la réaction allait venir d'ailleurs. Profitant de l'absence du gouvernement royal à Vientiane, un capitaine de parachutistes du nom de Kong Lê, s'empara avec ses troupes du pouvoir et, après avoir démis de ses fonctions l'ancien gouvernement de Somsanith, réclama une politique de neutralité absolue et le retour de son exil au Cambodge de Souvanna Phouma. Celui-ci fut donc rappelé par le roi, envers lequel Kong Lê n'avait jamais caché son attachement.
Le Laos se transforma , jusqu'en 1975, en un théâtre de combats fraticides entre les trois fractions: - communistes du Pathet Lao dirigés par le prince Souphanouvong - neutralistes dirigés par le prince Souvannaphouma et nationalistes.
En 1973, les négociations conduisent à la signature d'un cessez-le-feu. Le gouvernement provisoire d'union nationale est formé.
En 1975, la monarchie est abolie. Le 2 décembre, le Laos est proclamé République Démocratique Populaire Lao.

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15. L'exode:

Le 2 décembre 1975, le Laos est devenu République démocratique populaire Lao, le parti révolutionnaire lao (PRPL) fut proclamé parti unique. Les hauts fonctionnaires et les intellectuels de Vientiane ont été envoyés dans les camps de rééducation connus sous le nom de "Samana". Environ 300000 laotiens, soit 10% da la pupulation de l'époque, ont fui le pays. Le mouvement ne s'arrêtera que vers l'année 1994 lorsque le pays commence à s'ouvrir à l'économie plus libre.

19. Les drapeaux :

Drapeau de l'ancien royaume du Laos (avant 2/12/1975)

L'ancien drapeau du Laos, un éléphant tricéphal, animal symbolique pour le pays. En 1694, Mort du roi Sourigna Vongsa qui ne laisse pas d'héritiers. le royaume est alors en proie à de nombreuses scissions et il se divise en trois royaumes rivaux:
-Le royaume de Vientiane, vassal de l'Annam
-Le royaume de Luangprabang
-Le royaume de Champasak, vassal de Cambodge.
En septembre 1945, les japonais capitulent et c'est la fin de la deuxième guerre mondiale. Les trois royaumes du Laos sont réunifiés sous l'autorité du roi Srisavang Vong de Luangprabang. Les trois têtes d'éléphant représentent les trois royaumes (rois) réunis. En lao on disait à l'époque "SAME TIAO LAO" (trois rois lao).

Drapeau actuel (à partir du 2/12/1975)

C'est le drapeau de l'armée Pathetlao qui remplace l'ancien drapeau. Les motifs et couleurs traduisent les faits suivants:
-Rouge sang : force populaire, les ressources naturelles.
-Le disque blanc = la lune ; le bleu = les eaux du Mékong et le rouge représente le sang versé dans le combat pour la liberté, le bleu représente la prospérité, et le blanc une pleine Lune au-dessus du Mékong, ainsi que l'unité nationale sous le gouvernement et le parti.

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